Europe et langues anciennes : nouvelles questions, nouvelles pratiques

Première journée européenne des Langues et Cultures de l’Antiquité. Mardi 16 novembre 2021.

Cette journée représente le temps symbolique du lancement par les Ministres européens d’une alliance éducative pour l’enseignement des langues anciennes : elle associe déjà la France, la Grèce, l’Italie et la République de Chypre.

Mis à jour : novembre 2021

Entre les Grecs, les Romains et nous, c’est plus qu’une longue parenté : un chemin tracé ensemble. Parmi les cultures anciennes, celles de Rome et de la Grèce sont, en effet, celles qui nous ont le plus parlé, écrit et formés avec des mots et des concepts comme ceux de démocratie, justice, technique, science, philosophie, raison, cosmos, nature… que nous employons toujours aujourd’hui dans chacune de nos langues européennes, le plus souvent sans nous interroger sur leur origine, qui, de fait, est celle de notre pensée et de notre représentation du monde. Pourtant, pour nous comprendre pleinement, il nous faut répondre à ces questions : comment l’Europe s’est-elle constituée et, surtout, continue de se construire sur un corpus linguistique et un fond culturel antique à la fois vif et commun ? En quoi le latin et le grec ancien sont-ils encore au cœur de ce qui fait l’Europe, que les habitants parlent des langues romanes, germaniques, slaves… ou grecque ? Voilà l’un des enjeux de cette première journée européenne visant à renforcer la coopération autour de l’enseignement du latin et du grec. Car notre conception des rapports profonds qui unissent les langues de l’Europe et lie les Européens à travers les langues anciennes est au principe même de cette coopération.

Cette journée représente, en effet, le temps symbolique du lancement par les Ministres européens d’une alliance éducative pour l’enseignement des langues anciennes : elle associe déjà la France, la Grèce, l’Italie et la République de Chypre. L’identité européenne, toujours réflexive, car fondée sur le retour et la réflexion, demeure en construction du fait de sa dimension nécessairement multiple et interculturelle. Elle a pris des formes officielles et institutionnelles, mais elle repose sur une conscience profonde et ancienne, et doit s’ancrer sur une plus grande intimité : parce que les langues façonnent le monde, leur communauté – qui passe par ces langues-mères – est la clé de notre cohésion. Cette première journée entend faire saisir qu’en passant par le grec et le latin, qui sont les langues matricielles de l’Europe, les élèves découvrent et comprennent davantage leur propre langue et les autres langues européennes. En remontant la montre de leur langue, ils apprennent ainsi à mieux la faire tourner. Les chemins du langage sont donc à parcourir et les ponts entre les peuples que constituent les mondes grec et latin sont à réhabiliter, afin de créer un nouvel axe structurant : c’est pourquoi cette journée de lancement entend être la première d’une série de nouveaux colloques organisés, chaque année, au sein de l’Europe.

Recherche et réflexion didactique sont inséparables autour de ces textes, leur traduction, leur commentaire, leurs enjeux contemporains. Elles seront étroitement articulées grâce à la contribution de l’École normale supérieure–Paris Sciences et Lettres dont le rôle concernant les textes antiques est à la fois central et en plein développement, à travers ses concours, ses chercheurs, ses projets, ainsi que d’universitaires et didacticiens européens de premier plan, grecs, chypriotes, italiens, allemands, anglais, luxembourgeois, suisses et français. La table ronde du matin, animée par Frédéric Worms, directeur adjoint de l’École normale supérieure–Paris Sciences et Lettres, permettra à des universitaires européens de dialoguer à partir de leur engagement dans la promotion d’une antiquité qui éclaire et nourrit notre présent, autour de l’émergence et de la modélisation de pratiques innovantes, en envisageant comment elle peut s'appuyer sur une nouvelle dynamique européenne. Les ateliers de l’après-midi seront pour la première fois pilotés par des intervenants de plusieurs pays (un inspecteur d’académie–inspecteur pédagogique régional français et un expert étranger), conjuguant par binômes leur savoir et leurs expériences, afin de permettre à chaque pays de bénéficier des avancées des autres.

Cette journée, conçue comme un premier temps de réflexion et d’échanges, s’attachera à reconnaître la diversité des démarches et sera portée par l’idée que ré-adopter nos Anciens, selon la formule figurant en exergue de la conférence inaugurale de Pierre Judet de la Combe, est une approche féconde pour remotiver notre culture et notre identité communes — et tout particulièrement celle des élèves européens.

Déclaration conjointe des ministres européens chargés de l'éducation visant à renforcer la coopération européenne autour du latin et du grec ancien

Retransmission en direct de la matinée

Suivez en direct les interventions de la matinée à cette adresse : https://youtu.be/fvtGFVgYMtA

Consultez le programme détaillé de cette journée