Enseigner le génocide des Roms d’Europe
Il y a 80 ans, le 2 aout 1944, les SS assassinaient les derniers Roms et Sintis du camp d’Auschwitz. Depuis 2015, à l’initiative d’une résolution du Parlement européen, en mémoire de tous les Roms et Sintis assassinés dans l'Europe occupée par les nazis, cette date est commémorée comme journée européenne de la mémoire des persécutions et du génocide des Roms (Roma Holocaust Memorial Day). Cette page propose des ressources documentaires et pédagogiques pour l’enseigner.
Le génocide des Tsiganes dans les programmes d’enseignement
Le génocide des Tsiganes figure dans les programmes d’enseignement d’histoire, dans les chapitres consacrés à la Seconde Guerre mondiale.
- En classe de 3e, le programme précise que les génocides des Juifs et des Tsiganes sont étudiés.
- En classe de 1re professionnelle, dans le thème intitulé « Guerres européennes, guerres mondiales, guerres totales (1914-1945) », le programme prévoit d’étudier l’organisation et la mise en œuvre, par le régime nazi et ses alliés, du génocide des Tsiganes.
- En classe terminale des voies générale et technologique, lors de l’étude de la Seconde Guerre mondiale, le programme invite à mettre en avant le génocide des Tsiganes. La situation de la France dans la guerre figure également au programme.
Dans le cadre de l’enseignement de spécialité HGGSP, en classe terminale, le thème intitulé « Histoire et mémoires » prévoit l’objet de travail conclusif suivant : « L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes ».
Les programmes reprennent dans leur formulation la dénomination de « Tsiganes » (Tziganes pour le programme de 3e) alors que la commémoration parle des Roms. De manière schématique, on peut considérer que « Tsiganes » est un exonyme, qui désigne les trois grandes branches du monde romani : Roms, Sinti (ou Manouches) et Kalé (ou Gitans), auxquelles on associe également les voyageurs. Alors que le terme « Zigeuner » n’est plus utilisé en Allemagne, il reste davantage employé en France, notamment dans le domaine des sciences sociales. Du point de vue administratif, les autorités françaises parlent de « nomades » de 1912 jusqu’au début des années 1970, où une circulaire crée la nouvelle dénomination de « Gens du voyage » qui est, dans la pratique, souvent utilisée pour désigner les Roms de France, alors même que seuls 15% d’entre eux environ sont itinérants.
Ressources documentaires
Une page du Conseil de l’Europe est dédiée au génocide des Roms et propose de nombreuses ressources (pas toutes traduites). Les fiches d’information sur l’histoire des Roms (disponibles en français) du Conseil de l’Europe comprennent vingt-deux fiches thématiques, allant de la longue histoire à la « troisième migration » ; six fiches se concentrent sur la Seconde Guerre mondiale, en proposant une perspective générale, mais également des études géographiques (Italie fasciste, France, États baltes, Roumanie).
L’Encyclopédie multimédia de la Shoah, publiée par le United States Holocaust Memorial Museum, propose un article en français sur « Le génocide des Tsiganes européens, 1939-1945 », ainsi que des notices biographiques et des archives audiovisuelles.
S’agissant de la situation des Tsiganes et voyageurs en France, le mémorial de la Shoah propose en ligne des ressources produites autour de l’exposition « L’internement des Nomades, une histoire française (1940-1946) ».
Pour contextualiser le génocide des Tsiganes en le replaçant dans une plus longue histoire des Roms en Europe, l’Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe propose deux articles :
- Yann Rodier, « La science curieuse des Bohémiens et des Tsiganes face à l’Europe savante » ;
- Adèle Sutre , « Les circulations tsiganes en Europe, entre surveillance et répression (1860-1950) ».
Ressources pédagogiques
Une brochure du Conseil de l’Europe présente quelques ressources de matériel pédagogique pour enseigner l’histoire des Roms, notamment un manuel d’enseignement du génocide des Roms.
Le site romasintigenocide.eu propose en français un ensemble de fiches reposant sur l’exploitation de documents (photographies, documents d’archives, etc.), qui s’organisent en six thèmes : Tsiganes avant la Deuxième Guerre mondiale ; Discrimination et persécution ; Sous le régime nazi ; Génocide ; La résistance des Roms ; Survivants. Le site fournit également un manuel pour l’enseignant avec des suggestions de mise en œuvre.
Sur édubase, l’académie de Nantes propose pour la terminale HGGSP une séquence sur le camp d’internement de Montreuil-Bellay, en exploitant notamment l’application Géoportail : « De l’effacement du paysage à l’effacement des mémoires ? ».
Lumni enseignement propose un reportage télévisé de 1995 sur « L’histoire oubliée des Tsiganes internés sous l’Occupation au camp de Jargeau », en donnant des éléments de contexte historique et un éclairage média.
Dans la série « Films en classe », Réseau Canopé propose une notice pédagogique pour exploiter le documentaire « Mémoires tsiganes, l’autre génocide » (2011), film de Juliette Jourdan et Idit Bloch (réalisatrices) et de Henriette Asséo (coauteure).