L'expédition Polar POD
Le « Polar POD » est un projet de navire océanographique conçu et organisé par Jean-Louis Étienne, destiné à l'étude de l'océan Austral qui encercle l'Antarctique. Les expéditions évoquent le capitaine Nemo et son Nautilus dans Vingt Mille Lieux sous les mers, ainsi que les grandes découvertes, aux défis techniques et scientifiques.
L’expédition « Polar POD » promet tout cela et offre l’opportunité de travailler avec nos élèves des connaissances et compétences du socle commun et des disciplines.
Qu'est-ce que l'expédition Polar POD ?
À l’occasion de la décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable, Jean Louis Étienne lance le projet Polar POD. Le terme anglophone Polar POD désigne à la fois le navire et la capsule polaire. POD, en français, est l'acronyme de « plateforme océanographique dérivante ».
L’exploration a pour but de mieux appréhender une région du globe encore méconnue : l’océan Austral. Dans l’hémisphère Sud, cet océan a la particularité de ne pas être cloisonné par les continents : la circulation est ouverte autour de l’Antarctique. Poussé par les vents d’ouest, le courant circumpolaire antarctique réunit les trois océans : l’océan Indien, l’océan Pacifique et l’océan Atlantique. L’exploit, avant tout technique et technologique, sert également un objectif scientifique, écologique et pédagogique.
Jean-Louis Étienne présente le « Polar POD », station océanique spécialement conçue pour sa prochaine expédition : une dérive dans le courant circumpolaire autour de l'Antarctique.
Ma prochaine expédition se déroulera autour de l'Antarctique à bord d'un vaisseau qui dérivera dans le puissant courant circumpolaire. Acteur majeur de la biodiversité et du climat de la Terre, cet océan est encore méconnu.
Pour répondre à l'attente des scientifiques, nous avons conçu le Polar POD. Sans motorisation, il sera tracté à l'horizontale. Ce vaisseau révolutionnaire répond à trois exigences : être économique, écologique grâce aux énergies renouvelables, et très stable dans la grosse mer.
Arrivé dans le courant circumpolaire antarctique, le Polar POD sera mis à la verticale par remplissage des ballasts à l'eau de mer. Le lest en béton de 150 tonnes situé à 80 mètres de profondeur assurera une grande stabilité dans cet océan de tempêtes que les marins ont baptisées les « cinquantièmes hurlants ».
Équipé de capteurs et d'instruments de mesure les plus performants, le Polar POD est un vaisseau ultramoderne qui sera mené par un équipage réduit de sept personnes. Trois marins et quatre scientifiques seront relayés tous les deux ou trois mois.
Cette exploration apportera de précieuses informations sur la faune polaire, les populations de cri et de baleine, sur la capacité de l'océan Antarctique à absorber le gaz carbonique que nous émettons en excès et déterminer le rôle majeur qu'il joue sur l'environnement et l'avenir du climat de la Terre.
Cette aventure humaine et scientifique hors-norme devrait durer plus d'un an.
Une expédition pour la biodiversité
Les « cinquantièmes hurlants » est le nom attribué aux latitudes situées entre les 50e et 60e parallèles dans la zone de l'océan Austral, une région particulièrement difficile d’accès. Cette appellation provient du vocabulaire marin. Cette zone représente un grand intérêt pour les scientifiques. En effet, elle se situe juste au sud d’un des plus grands puits de carbone au monde. Pour l'instant, du fait du manque de données, les capacités de rétention de carbone sont encore incertaines dans cette région à fort potentiel. Par ailleurs, le courant circumpolaire permet de transporter massivement les éléments nutritifs nécessaires à la vie sous-marine.
L’étude de cette zone, pour une durée de 3 ans, va permettre d’observer voire de mieux comprendre les échanges atmosphère/océan au cours des quatre saisons, l’hiver austral restant encore une inconnue. L’embarcation, dotée de différents outils de mesure, permettra, par sa capacité d’écoute passive, d’inventorier la faune par hydrophones, d’analyser la composition chimique de l’eau ainsi que de vérifier des mesures satellites (la couleur des océans pour repérer la richesse biologique, la hauteur des vagues…).
Le Docteur Séverine Alvain, chercheuse au CNRS et chargée de médiation scientifique, présente Polar Pod, une aventure scientifique
Ici, se trouve un océan dont les eaux effectuent le tour du globe terrestre sans obstacle, sans jamais rencontrer de continent. Cette région c'est les « cinquantièmes rugissants » et c'est aussi le siège du courant circumpolaire antarctique, le plus puissant courant de l’océan mondial. Ses eaux froides et ses vagues impressionnantes sont le siège d'intenses échanges avec l'atmosphère ce qui engendre des phénomènes clés pour l'équilibre du climat de la Terre.
L'océan austral, c'est aussi un réservoir de biodiversité encore largement méconnue. Malgré son isolement, cet océan exporte des matières nutritives vers les plus basses latitudes. Un export massif, crucial pour les écosystèmes des océans de la planète.
Explorer cette région est donc un enjeu environnemental majeur.
Les études récentes alertent sur le manque d'observations. Nous avons énormément besoin de mesures en mer, en toutes saisons et à toutes longitudes dans cet océan de l'extrême. Bien sûr, plusieurs outils sont déjà à disposition des scientifiques : des flotteurs profilers dérivants et des animaux marins équipés de capteurs fournissent des observations pour certains paramètres. Ils complètent des missions océaniques de grande ampleur qui ont lieu majoritairement durant l'été austral, laissant de nombreuses questions sans réponse.
Dans ce contexte, le Polar Pod est un outil de recherche exceptionnel et promet une moisson de découvertes totalement inédites.
Telle une sentinelle de l'océan, le Polar Pod va effectuer plusieurs tours du monde porté par les courants autour du continent antarctique.
Le vaisseau a été conçu pour répondre aux besoins des scientifiques. Il est stable, silencieux, autonome, et zéro-émission. Il est donc très peu perturbant pour le milieu étudié. Les scientifiques vont se fondre dans l'océan tout au long de l'année pour mener des projets de recherche novateurs, à l'aide de capteurs performants. Des recherches sur le climat, par exemple. Nous savons en effet que les océans absorbent en grande quantité le carbone rejeté dans l'atmosphère par les activités humaines. Le carbone de l'air est ensuite dissous dans l'eau à la surface des océans. Et c'est particulièrement vrai dans les eaux froides et agitées, comme celles du courant circumpolaire antarctique.
Stable, sans une coque qui interagirait avec la surface, le Polar Pod est idéal pour réaliser des mesures d'une précision inédite.
Les scientifiques étudieront également un autre processus, appelé « pompe biologique de carbone ». Pour croître, le phytoplancton fixe le carbone grâce à la photosynthèse. Il sédimente ensuite vers le fond des océans, soit en coulant tout simplement, soit par l'intermédiaire des maillons des chaînes alimentaires. Le carbone reste ainsi piégé pendant des centaines d'années. Évaluer la sensibilité de cette pompe au changement climatique nécessite de nombreuses mesures sur la durée. Elles seront possibles à bord du Polar Pod.
Les scientifiques effectueront également un recensement de la biodiversité, un inventaire d'une ampleur inédite. Un des objectifs est de comprendre les processus d'adaptation des organismes face aux changements que nous leur imposons. Nous y découvrirons assurément de nouvelles espèces, et pourquoi pas le fameux calmar colossal. La bête n'a jamais été filmée dans son milieu, enfin, pas encore !
Les satellites d'observation de la mer sont aujourd'hui des outils essentiels, mais eux aussi ont besoin de mesures en mer, ce qu'on appelle des « vérités terrain ». Ces mesures permettent de valider les données acquises et de calibrer, de bien régler, ces instruments. Les navires fournissent déjà de telles observations, mais pas ici. Ici les cartes sont limitées et porteuses de nombreuses zones blanches. Les agences spatiales attendent donc avec impatience les observations du Polar Pod.
Écoutez. Pas de moteur, pas de turbulence. Le Polar Pod est silencieux. C'est le navire idéal pour capter l'univers sonore sous-marin, qui n'est vraiment pas le monde du silence. Des hydrophones fonctionneront en continu à plus de 75 mètres de profondeur pour nous donner un inventaire sonore inédit de ce monde sous-marin. Ses habitants seront identifiés grâce à leur chant particulier. Cette écoute sera complétée par de l'acoustique dite « active », c'est-à-dire l'émission de sons qui permettront en retour de visualiser en trois dimensions l'organisation de la biodiversité autour du Polar Pod. Le Polar Pod enregistrera enfin l'impact sonore de la météo de surface, des tremblements de terre ou encore des craquements d'icebergs. Autant de données attendues par les scientifiques du monde entier.
Enfin, si loin de la civilisation, les eaux du grand Sud sont-elles contaminées par nos activités ? Quelle est l'ampleur de la pollution chimique, sonore ou encore plastique ? Les analyses de l'air et de l'eau aideront à répondre à ces interrogations.
Le Polar Pod, lui, ne sera pas isolé du monde. L'ensemble de la communauté scientifique aura accès aux observations. Les chercheurs du monde entier partageront à leur tour leurs découvertes avec le grand public et la jeunesse. Un exemple de la coopération de la recherche internationale. Une aventure scientifique extraordinaire vectrice d'innovation, d'audace et de partage des sciences.
Polar Pod, une expédition de Jean-Louis Étienne, est un programme scientifique mis en œuvre par le CNRS, le CNES et l'Ifremer avec des chercheurs issus de plus de 40 laboratoires.
Le projet se veut résolument écologique avec un navire zéro émission. Le Polar POD a la particularité d’être complètement autonome. Il sera entraîné par le courant circumpolaire et l’électricité produite par 6 éoliennes. L’autonomie énergétique est un défi que les ingénieurs cherchent à atteindre pour nos futurs bâtiments. Son architecture, en plaçant son centre de gravité au plus bas (77 m de profondeur), le différencie des autres navires en apparence et lui confère l'avantage de la stabilité.
Une découverte de l’embarcation d’ores et déjà possible avec ePOD. Cette maquette 3D du futur navire est agrémentée de capsules audio et d’images expliquant les aspects environnementaux et technologiques liés à cette expédition. Une actualisation des ressources intégrées dans la maquette se fera tout au long de la construction des navires et de l’expédition.
Utiliser l'expédition comme support pédagogique
PolarPODibus : découvrir l’expédition par la médiation scientifique
Le PolarPODibus est un véhicule dédié à assurer une médiation scientifique autour de l’expédition Polar POD ainsi que la promotion de tous les métiers associés à l’expédition. Il sillonnera la France à partir de janvier 2023 et tout au long du projet pour aller à la rencontre des élèves des écoles, collèges et lycées.
Le polarPODibus est un levier pour le renforcement de l’enseignement des sciences et technologies à l’école primaire ainsi que pour la sensibilisation à l’EDD dans l’ensemble des classes. La découverte des métiers liés aux sciences dans le contexte de l’expédition Polar POD offre une ouverture concrète sur les sciences et la technologie du quotidien.
Ressources à télécharger
Ces fiches présentent les modalités d’intervention du PolarPODibus (actualisées en septembre 2024), ainsi que les activités pédagogiques proposées.
Le programme pédagogique
Un programme pédagogique concernant le premier degré comme le second degré, conçu avec des enseignants missionnés par les académies, permettra de faire vivre l’exploration et ses découvertes pour les deux premières années du projet au moins. Des ressources pour accompagner l’expédition en amont du départ de la mission, puis pendant la mission seront élaborées et proposées. Des capteurs seront embarqués pour effectuer un comparatif sur terre et des études de mesures en classe.
La notion d’expédition pourra être abordée sous différents angles : expéditions historiques et culturelles, les expéditions scientifiques contemporaines ainsi que la dimension technologique de l’expédition elle-même. Les professeurs pourront également s’intéresser à l’aspect « vie à bord » de l’expédition Polar POD pour faire notamment découvrir aux élèves les métiers liés à une telle aventure.
Les axes d'études pour la classe se répartissent en trois groupes.
Expéditions historiques, culturelles, scientifiques :
- démarche scientifique ;
- représentations ;
- récits.
Défi technologique et contribution à la connaissance de l'environnement :
- maquette ;
- recueil / analyse de données ;
- projets.
D'autres angles d'études :
- orientation et métiers ;
- sciences et technologie ;
- littérature et humanité.
Des supports pédagogiques répondant à ces axes seront publiées au fil de l'eau, en impliquant un ou plusieurs domaines disciplinaires parmi littérature, histoire, géographie, sciences de la vie et de la terre, physique, chimie, sciences industrielles et de l’ingénieur jusqu’à la culture artistique pour toute la scolarité du cycle 1 au cycle terminal.
Supports pédagogiques pour le premier degré
- Enseigner avec le Polar POD au cycle 1
- Enseigner avec le Polar POD au cycle 2 (ajouté le 24/08/2023)
- Enseigner avec le Polar POD au cycle 3 - CM1 et CM2 (ajouté le 26/09/2023)
Supports pédagogiques pour le second degré
-
Histoire-géographie/HGGSP : L’Antarctique et l’océan Austral – Enjeux géographiques, historiques et civiques.
Les encyclopédies de Polar POD
Le site Polar POD propose des supports sur les enjeux et défis de la découverte du milieu polaire et de la biodiversité propre à ce milieu à l’aide d’une encyclopédie polaire. Comment le corps humain régule sa température, de quoi est constitué le plancton, la faune et la flore sur la banquise, tous ces thèmes répondent aux premières questions que l’on peut se poser quand on pense à une expédition en Arctique.
En fin de sommaire de cette encyclopédie, vous pouvez également trouver une autre encyclopédie orientée sur l’Antarctique soulignant la particularité de chacun de ces pôles.
Pour aller plus loin
- L'espace dédié aux explorations scientifiques présente notamment les missions polaires et le site dédié aux expéditions antarctiques
- Autour des expéditions scientifiques : ce module propose aux professeurs un ensemble de ressources pour utiliser en classe les expéditions scientifiques organisées par le MNHN et ses partenaires autour du monde
Le musée national de la Marine propose un dossier à destination des professeurs sur les voyages de découvertes au siècle des Lumières.