Graphisme et écriture au cycle 1
Le graphisme et l'écriture sont des activités différentes tout en ayant un point commun : elles sont de nature grapho-motrice. Ces activités peuvent éventuellement être présentes en même temps dans les productions des élèves. Elles mettent en œuvre la perception et la motricité mais avec une intention et une façon de faire différentes, ce qui les rend proches sans que jamais elles ne soient confondues.
Actualité - Publication de nouveaux programmes
De nouveaux programmes pour les cycles 1 et 2 sont publiés au BO du 31 octobre 2024. Ils entreront en application à la rentrée 2025.
Des livrets d’accompagnement pour chaque année destinés à proposer des exemples de mise en œuvre du programme (séquences, activités, projets, etc.) sont en cours de production.
Un nouveau format d’émission, intitulé « Regards sur », est proposé pour présenter les nouveaux programmes. Celui-ci repose sur les réactions des professeurs des écoles lors de leur lecture, afin d'expliciter les intentions et les nouveautés des programmes.
REGARDS SUR LES PROGRAMMES
Français Cycle 1
Caroline PASCAL
Mesdames et Messieurs, chers professeurs, bonjour et bienvenue sur la série « Regards sur les programmes ». Cette série, produite par la Dgesco en collaboration avec Réseau Canopé et avec l'intervention de l'Inspection générale, vous présente les nouveaux programmes, leur sens, leur objectif, la façon dont ils ont été conçus, élaborés. Nous avons également recueilli des témoignages, des questions, qui sont les vôtres, sur le terrain, de manière à vous apporter le conseil et l'appui le plus proche de celui dont vous avez besoin. Je suis ravie de vous accueillir sur cette série. J'espère qu'elle vous apportera tout le profit nécessaire et je vous souhaite un excellent travail.
Catherine MASSICOT
Bonjour à toutes et à tous. Nous vous souhaitons la bienvenue dans l'émission « Regards sur les programmes ». Je suis Catherine Massicot, adjointe au chef du bureau de la formation à la direction générale de l'enseignement scolaire et inspectrice de l'Éducation nationale en charge du premier degré.
Aujourd'hui, nous vous proposons de croiser les regards des experts pédagogiques sur le programme de français de cycle 1. Nous sommes allés à la rencontre d'enseignants de cinq académies et nous avons pu recueillir leurs questions à la lecture de ce programme de français de cycle 1. Nous les remercions d'ailleurs vivement pour leur accueil dans leur école. Je vous propose, sans plus tarder, d'écouter leurs premières réactions à la lecture de ce programme.
Samuel ANQUETIL
L'organisation des apprentissages telle qu'elle est prévue dans les projets de programmes nous permet facilement de nous projeter pour les apprentissages de chaque niveau. Ainsi, elle nous permet aussi de prévoir nos contenus d'enseignement plus facilement et aussi nos projets.
Céline RINCY
Je suis étonnée que face à des objectifs d'apprentissage aussi précis, les modalités d'apprentissage spécifiques à la maternelle ne soient pas davantage développées.
J'entends par là apprendre en jouant, apprendre en résolvant des problèmes, en s'entraînant ou en mémorisant. Pourquoi ce choix ? Je regrette également que des liens avec le cycle 2 ne soient pas clairement définis. Peut-on privilégier encore le cheminement individuel de l'élève et sa progression individuelle ou ses objectifs d'apprentissage doivent-ils être atteints obligatoirement dans la tranche d'âge donnée ?
Catherine MASSICOT
Merci aux enseignants pour ces premières réactions à la lecture de ce programme de français de cycle 1. Cela va permettre d'initier le dialogue avec nos trois intervenants qui sont ici en plateau, que je remercie. Je suis ravie d'accueillir Catherine Mottet. Vous êtes inspectrice générale de l'éducation, du sport et de la recherche. Vous êtes également membre de la mission enseignement primaire. Merci à vous.
Catherine MOTTET
Bonjour.
Catherine MASSICOT
Thomas Le Roux, vous êtes inspecteur général de l'éducation du sport et de la recherche. Vous participez à la mission enseignement primaire.
Thomas LEROUX
Bonjour Catherine.
Catherine MASSICOT
Et enfin Paul Quesney, vous êtes inspecteur de l'Éducation nationale, en charge d'une circonscription du premier degré, dans l'académie de Créteil. Merci d'être présent.
Paul QUESNEY
Bonjour, merci.
Catherine MASSICOT
Vous avez tous les trois participé à l'élaboration de ce programme. Les enseignants, lors de leurs premières réactions, soulignent la précision de ce programme. Thomas, pourquoi cette intention ?
Thomas LEROUX
Comme vous avez pu le constater, les programmes, pour chacune des thématiques, sont déclinés avec un préambule, puis des points de vigilance qui insistent sur l'accompagnement pour les gestes professionnels des professeurs et enfin des tableaux qui sont déclinés par âge pour l'école maternelle.
Ce souci de précision doit permettre de donner aux enseignants des pistes pour mettre en œuvre leur enseignement, mais aussi pour accompagner les élèves et avoir un idée des repères sur les réussites que l'on peut attendre d'un élève à cet âge. Enfin, c'est aussi très important pour pouvoir travailler en équipe et pouvoir travailler sur l'idée du cycle et de la progressivité des apprentissages.
Et du coup, cette progressivité s'appuie sur des repères annuels qui permettent aux professeurs de travailler ensemble et aux directeurs d'accompagner ce travail.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup Thomas, Catherine. Les enseignants s'interrogent également sur les spécificités propres à l'école maternelle. Que pouvez-vous leur répondre ?
Catherine MOTTET
Ce qu'il est important de rappeler, c'est que la révision du programme porte sur le domaine 1 actuel. Autrement dit, tous les éléments de pédagogie générale propres à la maternelle ne sont pas développés. Pour autant, ce que dit ce professeur que nous avons entendu est parfaitement valable. Elle évoque la pédagogie par le jeu, la pédagogie par l'exercice, par la mémoire, par le fait de résoudre des problèmes. Quand on regarde les exemples pédagogiques que nous donnons dans la colonne de droite des programmes, nous voyons en creux, finalement, se déployer cette pédagogie qu'évoque ce professeur. Je rappelle aussi que tout ce que les professeurs de maternelle savent parfaitement sur l'enseignement en maternelle est toujours valable. Par exemple, le fait de constituer des petits groupes, des grands groupes, de provoquer des interactions duelles, le fait de différencier, évidemment, la pédagogie, de procéder par des rituels d'apprentissage, tout cela est parfaitement valable. Donc les professeurs peuvent se rassurer en se disant que ce qu'ils savent faire en maternelle est toujours parfaitement d'actualité.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Paul, quels éléments de réponse pouvez-vous apporter sur la progression individuelle des élèves pour atteindre les objectifs fixés par ce programme ?
Paul QUESNEY
Les programmes ont été conçus pour permettre aux professeurs de prendre en compte l'hétérogénéité dans les classes. Donc tout l'équilibre, pour le professeur, c'est à la fois de nourrir une ambition pour le collectif, pour cette dimension collective des apprentissages, tout en accompagnant bien sûr les élèves dans chacun de leurs besoins, dans chacune de leurs spécificités. Et donc, concrètement, dans les tableaux, notamment en colonne de gauche où les objectifs sont décrits, on précise bien en tête : à partir de tel âge, ou dès que l'enfant a telle ou telle compétence, on peut poursuivre ces objectifs. C'est en appui de ce tableau que les professeurs pourront mobiliser toute leur expertise didactique et pédagogique pour prendre en compte justement cette hétérogénéité.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup à vous pour ces premiers éclairages qui permettent de clarifier les intentions générales de ce programme. Passons maintenant aux questions plus précises posées par les enseignants sur certains points du programme.
Marie-Lise COTTINEAU
Dans la partie vocabulaire, on doit enseigner des corpus de mots par périodes : deux en petite section et en moyenne section et trois en grande section. De combien de mots sont constitués les corpus ?
Céline RINCY
Comment mettre en œuvre les programmes de syntaxe et de vocabulaire avec des élèves non parleurs ? On parle aussi beaucoup d'enseignement explicite, structuré et je m'interroge : en langage oral, comment mettre en place une séance qui réponde vraiment aux démarches d'enseignement explicite en maternelle ?
Samuel ANQUETIL
Concernant l'enseignement du vocabulaire, la quantité proposée me questionne. 2 à 3 corpus par période, si on prend en compte dans l'enseignement, la découverte, l'appropriation, l'entraînement et l'évaluation, me semble assez importante. Comment mettre en place cet enseignement et quelles propositions, quels corpus vont nous être demandés afin que les élèves, en fin de grande section, puissent se procurer le vocabulaire attendu en CP ?
Aurélie DOISNEAU
Comment envisager la différenciation au sein de ma classe dans l'enseignement du langage oral ?
Céline RINCY
Des évaluations courtes et régulières auxquelles on associe vraiment l'élève et qui suppose des évaluations individualisées sont aussi évoquées. Comment les mettre en œuvre ? À partir de quelles grilles d’observables ?
Catherine MASSICOT
Comme nous pouvons l'entendre, beaucoup de demandes de précisions, particulièrement sur le domaine du langage, sur les démarches pédagogiques, le vocabulaire, la syntaxe, ainsi que l'évaluation. Qui souhaite répondre ?
Thomas LEROUX
Peut-être, si vous me le permettez, Catherine, sur la question qui porte sur le vocabulaire et le nombre de mots et le nombre de corpus. Dans le préambule du programme, il est précisé que pour accéder au CP dans de bonnes conditions, chaque élève doit maîtriser 2500 mots.
Nous n'avons pas cependant souhaité préciser un nombre de mots par corpus, parce que, d'abord, c'est difficilement évaluable et même si ces corpus doivent être assez fournis, en revanche, nous insistons sur la diversité grammaticale des mots qui doivent être enseignés pour permettre justement, et bien de manière assez logique, de pouvoir les enseigner en contexte. C'est pour ça qu'il succède à la partie à la thématique sur le vocabulaire, la partie sur la syntaxe et enfin sur l'articulation qui est une nouveauté dans ce programme, mais qui fait qu'il forme avec la thématique sur le vocabulaire et la thématique sur la syntaxe, un tout qui doit permettre aux élèves de pouvoir s’exprimer et de pouvoir comprendre.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup pour peut-être revenir sur la question de la syntaxe. Catherine, quels conseils pouvez-vous donner aux enseignants afin qu'ils puissent aborder la syntaxe avec des élèves, des enfants non parleurs ?
Catherine MOTTET
La question des enfants non parleurs, ou petits parleurs, n'est pas nouvelle.
Les enseignants de maternelle sont habitués à les accueillir. Peut-être que ce qui peut surprendre, c'est le fait de fixer des objectifs aussi précis dès la tranche d’avant 4 ans, sachant qu'effectivement on accueille des élèves qui parlent peu. Par ailleurs, il ne s'agit pas d'enseigner la syntaxe comme on le ferait évidemment à l'école élémentaire. Il s'agit de provoquer d'abord beaucoup d'interactions.
Donc ce que l'on peut dire pour ces élèves petits parleurs, ou non parleurs, c'est qu'il est important de les associer au maximum à toutes les interactions, ne pas les isoler parce qu'ils ne parlent pas, s'adresser à eux de façon vraiment très fréquente, formuler pour eux les réponses qu'ils ne formulent pas encore et faire en sorte qu'ils soient présents vraiment dans tous les échanges de la classe.
Par ailleurs, peut-être ce que l'on peut dire, c'est que ces enfants non parleurs ou petits parleurs enregistrent. Ils ne parlent pas, ou ils parlent peu, mais pour autant, ils enregistrent tout ce qui se passe et souvent au bout de quelques semaines, quelques mois pour certains, on se rend compte, quand ils commencent à parler, que finalement, le langage est déjà en place parce qu'ils ont peut être mis plus de temps à parler que d'autres, mais ils ont tellement acquis de structures et de lexique qu'ils se mettent à parler très vite, plutôt bien et mieux que d'autres enfants. Donc il faut laisser le temps aussi passer et surtout ne pas isoler ces enfants. En fait, ce que je voulais rajouter, c'est que la syntaxe commence à partir du moment où il y a deux mots un enfant qui dit « Simon, Simon, Gâteau », c'est déjà de la syntaxe. Et à partir de là, on peut construire : « Simon, tu vas manger le gâteau », « Simon tu veux un gâteau », etc. Donc le moindre embryon de parole est un élément dont on peut s'emparer pour faire en sorte que l'enfant construise son langage. Mais en étant très confiant et optimiste évidemment pour la suite.
Catherine MASSICOT
Merci à vous pour ces précieux conseils. Paul, les enseignants évoquent également l'évaluation. Que pouvez-vous leur répondre ?
Paul QUESNEY
D'abord, les programmes ont été pensés pour éclairer ce que l'élève doit apprendre et donc c'est une ressource, à mon avis, pour outiller le regard du professeur vraiment au quotidien. Et donc la conception de l'évaluation qui est véhiculée c’est vraiment l'idée d'une évaluation positive, c'est à dire qui permet d'abord de valoriser tous les jalons de progression, tous les progrès des élèves au fur et à mesure de leur parcours et aussi d'engranger des connaissances sur les élèves eux-mêmes pour pouvoir ajuster ses enseignements.
Si bien que pour le professeur, c'est une posture permanente dans des situations qu'on a imaginé être des situations en relation duelle ou en petits groupes. On précise notamment dans les exemples de réussite des situations qui pourraient être des situations d'évaluation, par observation, en situation. Donc je pense que c'est ça qu'il faut retenir essentiellement sur cette question de l'évaluation.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Évaluations, enseignements explicites, le programme évoque cette démarche d'enseignement explicite. Catherine, que pouvez- vous apporter comme éléments de réponse ?
Catherine MOTTET
Oui, Alors ça peut peut-être surprendre pour la maternelle, parce qu'on parle beaucoup d'enseignement par imprégnation, par imitation. Chez les jeunes enfants, le langage se construit d'abord selon cette modalité. Pour autant, on se rend compte, et c'est là que les écarts sociaux jouent en fonction de l'environnement familial, social, de l'enfant, que l'imprégnation et l'imitation n'aboutissent pas au même résultat. Donc, c'est là que l'école intervient. Et c'est là que l'enseignement explicite intervient parce que l'imprégnation, l'imitation ne suffisent pas en réalité. Donc, enseignement explicite pour la langue orale. Pourquoi ? Parce qu'il importe absolument que les professeurs conçoivent des séances pendant lesquelles l'objectif, c'est d'enrichir, de construire, d'enrichir la langue orale des enfants, et pour cela, on peut effectivement procéder selon les grands principes de l'enseignement explicite. C'est à dire expliquer aux enfants ce qu'ils sont en train de faire. On va apprendre à parler mieux, on va apprendre à dire les choses, plus précisément, à modéliser. Le professeur s'engage dans sa propre parole et donne des modèles aux enfants. Il peut s'appuyer évidemment sur les nombreux albums de jeunesse qui sont vraiment très utiles en ce sens.
On peut procéder ensuite à une pratique guidée de l'enfant : faire répéter des segments de phrases, des phrases, faire répéter l'usage de tels mots dans tel contexte. Et puis, petit à petit, c'est la pratique autonome de l'élève qui se construit. Donc on a bien un cheminement d'enseignement explicite qui se déroule là, dans des séances dédiées, pour compenser notamment les inégalités sociales.
Paul QUESNEY
Peut-être en complément, à la fois sur l'enseignement explicite et sur la question de l'évaluation, finalement, c'est aussi la question des rétroactions du feedback que donnera le professeur aux élèves en situation. Donc, si un enfant fait une production orale, le professeur peut lui dire : « tu voulais dire ça », « c'est comme ça qu'il fallait le dire »... Et donc dans ce genre de situation, on est bien sur un enseignant qui en partie évalue pour pouvoir être plus immédiatement explicite. Il y avait une question de la professeure sur les fameuses grilles d'observation. Nous, on est plutôt sur cette idée essentielle de connaître les principaux jalons du développement de l'enfant pour pouvoir avoir cette posture en permanence et contribuer à cet enseignement explicite aussi par le feedback.
Thomas LEROUX
Et enfin peut être pour l'évaluation, il me semble important aussi de souligner que l'école maternelle, c'est l'école de la prévention, et que les exemples de réussite qui sont dans les programmes sont autant de points de repère pour les enseignants, probablement pour construire des grilles d'observation qui semblent importantes, et de se poser la question, bien évidemment, d'identifier les progrès et parfois de se poser la question de pourquoi certains élèves prennent plus de temps pour progresser et de regarder ça peu près de manière assez individuelle.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Vous parlez de construction de grilles. Intéressons-nous maintenant à la mise en œuvre de ce programme pour les élèves. Comment les enseignants envisagent-ils les choses ?
Céline RINCY
Il apparaît souvent, dans chaque domaine d'apprentissage, la notion de temps dédié et quotidien. Comment articuler les différents domaines en termes de volume horaire pour répondre à des attendus aussi précis ?
Marie-Lise COTTINEAU
Nous avons remarqué que les parties vocabulaire, articulation et syntaxe ont un contenu très dense. Puisque ces notions doivent faire l'objet d'enseignement explicite, ne peut-on pas les intégrer à nos contenus interdisciplinaires ?
Catherine MASSICOT
La question du temps dédié à l'enseignement du langage est posée. Thomas, quel est le bon équilibre ?
Thomas LEROUX
Sur les temps d'enseignement, je rappelle que la maternelle n'a pas d'horaire dédié par domaine d'apprentissage. Toutefois, les programmes insistent sur la régularité et la récurrence de certains apprentissages. Typiquement, ce dont nous parlions tout à l'heure sur l'enseignement du vocabulaire, des activités de mémorisation doivent être menées 1 à 2 fois dans la journée.
Il en va de même pour tout le travail autour de la phonologie, de la découverte du principe alphabétique aussi, avec une régularité, c'est à dire des exercices quotidiens, parfois répétés plusieurs fois par jour, et sur des temps parfois un peu courts, typiquement en début d'après-midi, juste après la sieste, ou durant la matinée, pour que les élèves puissent acquérir ces notions.
On favorise aussi, bien évidemment, les temps d'interaction individuels, c'est noté dans les programmes, et je pense que le plafonnement à 24 élèves dans les classes de grande section, ou le dédoublement des classes, doit profiter justement à pratiquer ces temps d'interaction individuels entre le professeur et les élèves, pour justement les faire progresser, notamment faire progresser les élèves qui sont scolarisés en éducation prioritaire, et pour lesquels il faut avoir une attention particulière.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Catherine, l'articulation vocabulaire-syntaxe a été aussi soulevée par les enseignants, Que pouvons-nous leur répondre ?
Catherine MOTTET
Alors je crois que l'enseignante évoque la densité du programme à cet égard et c'est juste. Alors pourquoi un programme aussi dense sur ces enjeux-là ? Précisément parce que ce sont des enjeux fondamentaux pour la suite de la scolarité des enfants que nous accueillons à la maternelle.
Nous savons combien la construction du langage oral, notamment le vocabulaire est prédicteur pour l'apprentissage de la lecture. Certes, quand on est en petite section, ça peut sembler loin, mais tout se prépare déjà dès la petite section. Thomas rappelait tout à l'heure l'importance du corpus de mots et du nombre de mots à écrire à la maternelle. C'est pour cela que le programme est dense.
Il faut construire, il faut enrichir le vocabulaire et en lien vraiment étroit avec la syntaxe. Ça, c'est quelque chose de très important auquel les professeurs doivent se montrer particulièrement vigilants. On n'apprend pas les mots dans le vide, on apprend les mots dans une structure grammaticale, on apprend des expressions, on apprend des manières de dire. C'est très important de procéder par entrée syntaxique, effectivement, qui pose le lexique. Par exemple, on apprend à dire « poser une question », « demander quelque chose ». Ce sont tous ces apprentissages-là auxquels nous tenons beaucoup et qui permettent de construire peu à peu un bagage lexical. Quant à l'articulation, qui est un élément nouveau du programme, il n'est pas l'objet évidemment de séances spécifiques. On ne va pas construire des séances pour apprendre aux enfants à articuler.
C'est un point de vigilance, en revanche, un point de vigilance constant. Quand l'enfant prend la parole, si sa prononciation n'est pas correcte, on la reprend avec la bienveillance à laquelle sont habitués les professeurs de maternelle. On reprend, on reformule et si la prononciation ne se corrige pas au bout du cycle 1, là, on se pose des questions, on regarde le problème avec les parents, mais il est tout à fait normal que des enfants de trois ou quatre ans aient encore des difficultés de prononciation. Mais elles seront d'autant plus corrigées que le professeur s'y montrera attentif.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Paul, quelle place pour l'interdisciplinarité ?
Paul QUESNEY
On l'a bien compris, l'école maternelle, c'est l'école du langage. Pour autant, à mon sens, non seulement on peut, mais on doit utiliser cette approche interdisciplinaire. Jouer sur la polyvalence du métier de professeur des écoles, c'est jouer sur ces forces.
C'est une des forces premières, à mon avis, du professeur des écoles dans le premier degré. Le lien avec les autres domaines d'apprentissage me paraît d'autant plus essentiel que c'est pour l'élève, lié à différents domaines d'activités. C'est à dire que parce qu'on a agi à travers une activité physique, à travers une activité artistique, on va avoir de quoi dire et on va pouvoir ensuite s'exprimer et contribuer à développer ce langage.
Donc j'encourage complètement l'enseignant qui se dit pour pouvoir articuler lexique et syntaxe et diversifier tous les corpus, et le faire dans différents domaines d'apprentissage, à le faire dans tous les domaines d'apprentissage au cycle 1.
Catherine MOTTET
Et ça renvoie complètement à la question sur la pédagogie de tout à l'heure. Ce que c'est bien précisément en jouant, en travaillant la mobilité qu'on actionne, qu'on active le langage oral.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Je vous propose maintenant de passer à l'accompagnement des enseignants, à la mise en œuvre de ce programme. C'est d'ailleurs un enjeu essentiel en termes de formation et de ressources. Quels sont les besoins identifiés par les enseignants ? Nous les écoutons.
Céline RINCY
Pour la nouvelle partie « articuler distinctement », des ressources pédagogiques me semble indispensable pour pouvoir construire des activités structurées allant au-delà de la simple répétition de mots.
Aurélie LEMONNIER
Quel accompagnement est prévu pour les enseignants afin de leur permettre de conduire les élèves à avoir une bonne posture pour la tenue du crayon ?
Annie ANDRIEU
La présentation sous forme de tableaux nous semble très claire. Y aura-t-il des livrets d'accompagnement aussi lisibles ?
Catherine MASSICOT
Articulation. Tenue du stylo. Catherine, les enseignants expriment des attentes de ressources. Quelles sont-elles ?
Catherine MOTTET
Les enseignants évoquaient surtout la question du geste graphique et puis de l'articulation.
En ce qui concerne le geste graphique, il y a des ressources assez abondantes sur Eduscol qui portent précisément sur ce sujet. Et je rappelle que le plan maternelle propose une conférence de Gaëlle Alhaddad, maître de conférences spécialisée sur le sujet. Et cette conférence, on peut la trouver sur le site Magistère.
Sur la question de l'articulation, on peut renvoyer aussi à tout ce qui concerne, parce que c'est très connexe, la conscience phonologique, l'aptitude des élèves à discriminer les sons. Là, il y a deux ressources existantes : dans le guide pour se préparer à apprendre à lire et à écrire à la maternelle, il y a quelques éléments sur la phonologie, mais surtout, c'est le guide sur l'éveil à la diversité linguistique à la maternelle qui propose la vraiment des ressources abondantes, déjà, sur les enjeux de la construction de la conscience phonologique chez les jeunes enfants, et qui propose toutes sortes d'activités ludiques, en français et en langues étrangères, autour de comptines, de chansons. Il y a vraiment beaucoup de propositions pédagogiques qui sont faites dans ce guide, qu'on peut utiliser, même quand on ne travaille que sur la langue française, bien évidemment.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Paul, vous êtes inspecteur de l'Éducation nationale. Vous avez donc en charge une circonscription du premier degré. Comment envisagez-vous l'accompagnement des équipes pédagogiques au plus près du terrain ?
Paul QUESNEY
D'abord, dans la continuité des accompagnements qui sont déjà en place. Parce que ce que vient de préciser Mme Mottet, c'est que finalement, ces programmes ont été pensés dans un contexte où il y avait un ensemble de guides qui ont servi de référence pour ces programmes. Et donc, dans le cadre du plan français tel qu'il est actuellement mis en œuvre et dans le cadre du plan maternelle tel qu'il est actuellement mis en œuvre, je pense par exemple aux formations en constellations, bien évidemment que ce sera l'occasion pour les équipes de s'approprier les programmes. Moi, je resterai toujours vigilant à ce que toutes les conditions soient réunies, c'est à dire des formations qui répondent vraiment à des besoins métier des professeurs qui répondent à des besoins identifiés du côté des élèves, une certaine temporalité. Et puis une pensée pour les directeurs d'école, parce que c'est aussi parce que la formation est un des leviers pour le pilotage d'une école. Eh bien, si ces formations aident à l'appropriation des programmes, elles s'intégreront à mon pilotage et donc au leur.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Thomas, des ressources sont-elles prévues ?
Thomas LEROUX
Oui, tout à fait. Je voulais d'abord préciser, dans la continuité de ce que disaient Catherine et Paul, que ces programmes s'inscrivent aussi dans une continuité de ressources déjà existantes et qui sont toujours valables.
Bien entendu, et comme le soulignaient les professeurs, ces programmes seront accompagnés de ressources qui seront pensés par âge avec, avec des points précis qui permettront de préciser certains points du programme. Et ce seront davantage des ressources qui se placeront du côté du professeur. Un peu des livres du maître qui permettront justement d'aider les équipes.
Catherine MASSICOT
Merci beaucoup. Nous arrivons au terme de cette émission qui était dédiée au programme de français de cycle 1. Merci à toutes celles et ceux qui ont contribué à la richesse des échanges. Merci aux enseignants pour leurs questionnements. Merci également aux trois intervenants. Nous vous invitons à nous retrouver sur une prochaine émission « Regards sur les programmes ».
Le graphisme
Les apprentissages graphiques ont pour principal objectif le développement de l'activité perceptive, l'éducation de la motricité fine, l'exploration d'une multitude d'organisations spatiales. Cela se traduit par la découverte puis la reproduction de toutes sortes de lignes, de formes, de motifs qui se structurent et s'organisent sur différents types de supports. Au cours de la scolarité, le geste s'affermit, l'inventivité se développe et joue avec les contrastes, les couleurs, les organisations. Grâce aux situations judicieusement choisies et proposées par les enseignants, la production de formes évolue, se diversifie et s'enrichit.
L'écriture
L'écriture est une activité soutenue par le langage, la combinaison codée d'un système de signes. Par l'organisation de données linguistiques, sa fonction est de conserver et de communiquer. Apprendre à écrire est une activité importante pour un jeune enfant qui ne se réduit pas à la capacité de tracer quelques lettres. Pour écrire un mot, l'enfant doit non seulement maîtriser le tracé des lettres mais aussi respecter les règles et conventions de notre système, en comprendre le fonctionnement et surtout donner du sens à ce qu'il écrit. Apprendre à écrire nécessite d'avoir construit une représentation de l'écrit, d'avoir établi des liens entre ce qui se dit (et qui peut s'écrire) et ce qui est écrit (et peut se lire/dire). C'est cet apprentissage qui s'élabore tout au long du parcours de l'élève à l'école maternelle.