La montagne, approches croisées
La montagne est un milieu marqué par les contraintes et de faibles densités humaines et constitue un sujet privilégié de nombreux artistes. Elle est un objet d’étude de la géographie, tant pour l’analyse des représentations qu’elle véhicule, que des politiques territoriales qui lui sont consacrées. Au collège et au lycée, elle peut faire l’objet d’approches croisées, à l’appui des programmes, en géographie et en histoire des arts.
Liens avec les programmes
Collège
En géographie, en classe de 6e, le thème 2, habiter un espace de faible densité vise à faire comprendre la diversité des modes d’habiter et en particulier des espaces marqués par la faiblesse de l’emprise humaine. Les principales chaînes de montagnes à l’échelle mondiale font également partie des repères spatiaux à construire.
Pour aborder en classe de 5e le thème 3, prévenir les risques et s’adapter au changement global, l’entrée par l’étude de cas est à privilégier. Le choix d’un espace montagnard permet de mettre en lumière les conséquences du changement climatique face aux incertitudes des niveaux et périodes d’enneigement. C’est aussi l’occasion d’aborder les nouvelles pratiques de la montagne qui prennent en compte le développement touristique et la biodiversité.
En classe de 3e, le thème sur les dynamiques territoriales de la France contemporaine invite à étudier les espaces de faible densité en France, dont les montagnes. Les massifs montagneux figurent également parmi les grands repères de la géographie physique de la France à maîtriser en fin d’année de 3e.
En histoire des arts, au cycle 3, les élèves apprennent à décrire des œuvres en dégageant leurs principales caractéristiques. Face à une représentation de la montagne, les élèves sont capables de l’observer et de la décrire puis d’exprimer leur ressenti et leur avis devant celle-ci. Au cycle 4, la représentation de la montagne dans les arts peut être traitée à partir de l’objet d’étude « Évolution du rapport à la nature : art du paysage », au sein de la thématique « État, société et modes de vie (XIIIe-XVIIIe s.) ». En français en classe de 5e, le questionnement complémentaire « L’être humain est-il maître de la nature ? » invite à interroger le rapport de l’homme à son environnement naturel. La montagne peut être saisie, à partir de textes et d’images, dans ses représentations et son appropriation.
Lycée
En géographie en classe de 2de, une étude de cas sur les Alpes peut être envisagée dans le thème 1 (Sociétés et environnements : des équilibres fragiles) afin de faire comprendre que la mise en valeur de ce territoire évolue en fonction des défis économiques, sociaux et environnementaux actuels.
En terminale, le thème conclusif : La France et ses régions dans l’Union européenne et dans la mondialisation invite à s’interroger sur les recompositions territoriales des régions françaises. Étudier les territoires montagnards qui s’inscrivent dans une dynamique de valorisation de leurs atouts pour accroître leur attractivité, fait ainsi partie des dynamiques actuelles. Les massifs montagneux, qui peuvent fixer les frontières, sont aussi des zones actives de migrations et de coopérations transfrontalières.
En histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques, dans le cadre du chapitre sur l’environnement, entre exploitation et protection, il est possible de poser quelques repères sur les politiques relatives au développement et à la protection des territoires de montagne.
En classe de seconde, le programme d’histoire des arts propose l’étude d’un foyer chrono-géographique : « L’Allemagne et l'Europe centrale romantique, du XVIIIe au XIXe siècle ». C’est l’occasion d’étudier la transformation des représentations de la haute montagne : d’un environnement hostile en un objet de contemplation, de l’immensité imposante des montagnes à une vision nouvelle où le peintre entraîne le spectateur avec lui au sommet.
Travailler sur les représentations de la montagne, à la croisée de l’histoire des arts et de l’histoire-géographie
Analyser l’évolution des représentations artistiques de la montagne entre Occident et Orient
Aborder les représentations de la montagne en histoire des arts, c'est questionner la peinture de paysage et l'apparition de la montagne comme motif.
À la Renaissance, la représentation de montagnes bleutées en arrière-plan constitue une des techniques courantes de figuration de la perspective. On peut notamment l’observer dans La Vierge au chancelier Rolin de Van Eyck conservée au musée du Louvre et récemment restaurée. La fonction zoom sur le site Panorama de l'art ou bien sur le site Closer to Van Eyck permet d'étudier plus en détail l'arrière-plan des montagnes enneigées.
La Vierge du chancelier Rolin (détail), Van Eyck - Bibliothèque nationale de France
Le terme chinois signifiant paysage est constitué de deux caractères : shan, montagne, et shui, eau, qui constituent les éléments essentiels de la peinture de paysage shanshui. Dans une conception taoïste du monde, l’eau et la montagne incarnent deux pôles de la nature, entre lesquelles circulent des forces mystérieuses et naît le mouvement de la vie. Cette combinaison et cette tension créatrice s’illustrent notamment dans les estampes des quarante vues du jardin de la Clarté parfaite présentées dans le focus consacré à l’art des jardins sur le site Passerelle[s] de la Bibliothèque national de France.
Vue remarquable du mont Wu, Chen Changxi et alii - Bibliothèque nationale de France
Le dessinateur et peintre Hokusai rend hommage à la montagne sacrée, refuge de sanctuaires shintoïstes. L’album Essentiels de la Bibliothèque nationale de France consacré aux vues du Mont Fuji d’Hokusai propose des analyses de chacune des Trente-six vues du mont Fuji. Chaque estampe donne à voir un des aspects de la montagne, en fonction du point d’observation, de la saison, ou du cadrage et en privilégiant le cadre naturel ou les activités humaines. Hokusai intègre ainsi la perspective occidentale à un thème et à des techniques orientales.
En 1878 Cézanne se rend à l’Exposition universelle de Paris et y étudie la technique des aquarelles japonaises. L’influence des Trente-six vues du mont Fuji est nettement perceptible dans ses nombreuses peintures de la montagne Sainte-Victoire, qu’il arpente et représente inlassablement jusqu’à sa mort en 1906. Une brève analyse de ce motif est proposée sur le site de la RMN Grand Palais. Elle peut être enrichie par le regard du comédien Guillaume Gallienne dans la série du musée d’Orsay « Une œuvre, un regard » (8 minutes 21).
Le mont Fuji vu de derrière, depuis la rivière Minobu, Hokusai Katsushika - Bibliothèque nationale de France
Décrire son ressenti face aux représentations de la montagne
Pour aider les élèves des cycles 2 et 3 à mettre en mots leur émotion esthétique face aux représentations de la montagne, le musée d’art et d’histoire de Genève propose une liste de mots pour décrire un paysage au sein du dossier pédagogique « De rives en sommets. La peinture de paysage au musée d'art et d'histoire de Genève ».
Transformation des représentations de la haute montagne (histoire/HDA)
Longtemps perçue sous les seuls prismes du danger et de la marginalité, la montagne devient à partir du XVIIIe siècle un lieu d’intérêt tout à la fois scientifique et artistique pour les Européens. Le dossier pédagogique « L’adresse au paysage. Figures de la montagne » du musée des Beaux-Arts de Chambéry aborde cette mutation du regard. L'Histoire par l'image propose également une étude sur la naissance de l'alpinisme et une seconde sur l'essor de l'alpinisme qui permettent d’étudier cette évolution.
Des focus sont proposés dans l'exposition en ligne « La montagne en perspective » du musée d'art et d'histoire de Genève.
Paysage de Susten en Suisse, Auguste-Xavier Leprince - Musée des Arts décoratifs (Paris)
Cette transformation des représentations peut également être abordée par le biais du développement du tourisme de montagne à l’âge industriel : une séance pour la classe de 4e propose une activité d’analyse portant sur la naissance des premières affiches publicitaires touristiques.
Un site de l’Institut national de l'audiovisuel (INA) consacré au développement historique du tourisme alpin propose un parcours thématique ayant pour thème les perceptions et représentations de la montagne.
Viollet-le-Duc : représenter et restaurer la montagne
En classe terminale dans la spécialité histoire des arts, le programme limitatif consacré à Eugène Viollet-le-Duc est l’occasion d’interroger sa relation à la montagne. Infatigable randonneur, Viollet-le-Duc donne des visions à la fois grandioses, mais aussi fragiles d’un milieu menacé, visibles en ligne dans l’exposition virtuelle Viollet-le-Duc et la montagne du musée Lambinet de Versailles. En tant que membre de la Société de Géographie et fondateur du club Alpin français, Viollet-le-Duc élabore un projet de restauration du Mont-Blanc, pour lutter contre l’érosion engendrée par l’intervention humaine : ce projet est évoqué dans un article de café géo.
Ressources documentaires et pédagogiques en géographie
Des ressources
L’outil de cartographie de l’Observatoire des territoires publie des données actualisées pour un grand nombre d’indicateurs, dont une carte qui représente le zonage des montagnes en France.
Le site « Remonter le temps » de l’Institut national de l'information géographique et forestière (IGN) offre la possibilité d’observer l’évolution des territoires en permettant de comparer photographies satellites et cartes de différentes époques. Pour les massifs de montagnes, cet outil montre l’évolution de leur aménagement et de leur enneigement. Un dossier est par exemple consacré à la Vallée blanche des Alpes qui permet d’observer les évolutions de la vallée alpine en superposant cartes anciennes, photos aériennes anciennes et récentes de la ville de Chamonix, du glacier d’Argentière et de la Mer de Glace du XIXe siècle à nos jours.
IGN Remonter le temps
Sur Geoimage, un dossier est consacré aux montagnes et aux hautes terres et rassemble l’ensemble des analyses d’images satellites concernant la thématique, sur tous les continents : le parc National du Yellowstone, la passe du Khyber entre l’Afghanistan et le Pakistan ou encore l’archipel du Svalbard en Norvège permettent d’aborder les questions de valorisation, de protection, mais également de frontière que peut incarner la montagne.
Sur Géoconfluences, plusieurs articles abordent les enjeux des espaces montagnards, comme les différentes lois montagnes ou l’après-tourisme dans une station de moyenne montagne.
Des pistes pédagogiques
En classe de 6e, une activité de 2 heures est proposée par l’académie de Poitiers concernant la haute montagne. Les élèves rédigent une lettre pour raconter le séjour fictif qu’ils ont réalisé au Zanskar en Inde. Ils disposent de plans de travail différenciés pour favoriser leur autonomie.
En 5e, une réflexion est menée autour de l’installation de parcs aquatiques dans les stations de ski, afin de s’interroger sur leur respect du développement durable. L’étude proposée par l’académie de Grenoble utilise les ressources du site fresques.ina.
En classe de 2de, une étude de cas filée sur les Alpes, en tant qu’environnement vulnérable et valorisé, est proposée par l’académie de Dijon. Elle permet d’articuler les questions 1 (sociétés face aux risques) et 2 (ressources en tension) avec la partie sur la France (des milieux entre valorisation et protection). La problématique concernant le changement climatique et l’articulation avec le tourisme de masse dans le massif du Mont-Blanc permet d’utiliser l’outil cartographique Édugéo proposé par l’IGN via Lumni Enseignement.
Carte du massif du Mont-Blanc - Géoservice Édugéo - IGN-France
En classe de première, il est possible de mettre l’accent sur la recomposition des espaces entre protection et valorisation comme le montre cette proposition de l’académie de Clermont-Ferrand traitant du massif de Sancy.