Oraliser les textes avec le numérique en Langues et cultures de l’Antiquité

Aborder les textes latins et grecs par la lecture à haute voix pour une construction plus libre du sens.

Mis à jour : novembre 2023

Introduction

Aujourd’hui souvent considérées comme langues « de l’écrit », le latin et le grec ancien étaient pourtant bien les langues parlées de l’Antiquité. Utilisé comme langue vernaculaire jusqu’en 476, le latin dit « littéraire » est ensuite resté stable et disponible au discours oral pendant six siècles.

Lorsque les programmes de Langues et Cultures de l’Antiquité (LCA) invitent à faire « lire » les textes anciens, ils ne visent pas uniquement leur traduction. Par une lecture plus fluide, notamment oralisée, il s’agit bien de comprendre directement ce qu’on lit, en accédant au sens par l’ordre linéaire des éléments de la chaîne parlée. L’oralisation constitue alors un moyen, un accélérateur et un levier pour construire le sens directement dans la langue d’origine, sans passer par un déchiffrage mot à mot.

Aborder l’étude des textes latins et grecs par leur oralisation ne revient donc pas simplement à les mettre en voix de façon plus ou moins réussie. Il s’agit plutôt, par l’oralisation, de renouer avec une appréhension linéaire des discours, telle qu’elle était pratiquée dans l’Antiquité, sans s’attacher systématiquement à une analyse de leur construction profonde.

Lire à haute voix des textes en latin ou en grec

Faire entrer les élèves dans ce type de lecture nécessite la mise en œuvre de scénarios pédagogiques spécifiques.

La fiche-conseil « Oraliser le latin  »

Sur éduscol, la fiche-conseil « Oraliser le latin  » rappelle que la « lecture oralisée est un exercice important du cours de langues anciennes » et en exprime clairement les enjeux linguistiques et pédagogiques.

Il ne s’agit pas ici de viser la perfection de la mise en voix comme une fin en soi, mais d’utiliser cette dernière comme détour pour parvenir à une lecture aisée des textes directement en latin ou en grec, en entendant le verbe « lire » au plein sens du terme, c’est-à-dire comme action consistant à « comprendre directement ce qu’on lit, sans l’obstacle du déchiffrage mot-à-mot ni la réduction à une structure de phrase française qui vient dénaturer et trahir le mouvement du discours en latin ».

Le scénario Édubase « Enregistrer des textes en grec ancien » de l’académie de Créteil en offre un bon complément, en proposant de faire s’enregistrer les élèves pour améliorer la fluidité de leur lecture personnelle d’un texte en grec ancien et d’en travailler l’expressivité selon les thématiques et les genres. Dans l’académie de Versailles, le scénario Édubase « Lire en latin en cinquième : entrer dans un texte par les langues vivantes » propose, en utilisant le TNI, de faire accéder les élèves au sens en mobilisant leurs connaissances en français, mais aussi en langues étrangères. De son côté, l’académie de Reims propose, dans le scénario Édubase « Lecture d’une lettre de Cicéron », une lecture sans traduction d’une lettre, avec étude du genre de la lettre et de l’expression des sentiments.

Pour aller plus loin : la lecture de textes en prononciation reconstituée

« Homère – L’épopée, c’est la voix », un entretien avec l’helléniste Philippe Brunet (TDC, 2010, 22 minutes) met en perspective de façon particulièrement convaincante l’état historique de la langue d’Homère, la dimension poétique et épique de son œuvre, et sa mise en voix ou même en chant. Cette présentation peut être complétée par les propositions de l’atelier de métrique grecque et latine sur le site Homeros.fr.

Sur Odysseum, l’article « La prononciation des textes latins » présente différentes approches de la prononciation et de la prosodie latines.

Un festival de lecture publique à voix haute

Ce travail sur l’oralisation des textes en langue antique peut être mobilisé dans le cadre du Festival Européen Latin Grec, qui propose aux participants de réaliser des lectures publiques à voix haute d’œuvres intégrales. En 2023, sa 17e édition portait sur la lecture de l’Énéide de Virgile ; en mars 2024, sa 18e édition célébrera quant à elle L’Assemblée des femmes d’Aristophane. Adossé aux Rendez-vous de l’Antiquité de Lyon, ce festival propose aux intervenants de ce programme national de formation de participer à la lecture publique des textes.